• 1907
    Ayant suivi la création de l’Institut destiné aux enfants irréguliers (voir biographie), un petit groupe de collègues et d’amis (les Drs A. Ley et V. Péchère,  les familles Gérard, Ley, Michel, Snoeck et Schotsmans) souhaitent confier à Decroly leurs propres enfants: ainsi naît l’école de l’Ermitage, qui s’installe à quelques pas de l’institut. Les deux entités collaborent étroitement; elles relèvent de l’enseignement privé, faute de reconnaissance officielle, mais Decroly, soutenu par la Ville de Bruxelles, entend en faire le laboratoire de l’instruction populaire qui prépare l’obligation scolaire. Les sept enfants de la première année acquièrent rapidement des camarades de plus en plus nombreux:  ils  se répartissent en « microbes », « petits », « petits moyens », « grands moyens », « grands », « supérieurs », soit en six groupes couvrant tous les degrés de l’enseignement fondamental,  puis le premier cycle secondaire (15 ans) en 1910, et  le cycle secondaire en 1930. La méthodologie formalise la technique du centre d’intérêt (de 8 à  14 ans). L’exploitation des intérêts interdit l’emploi stéréotypé de manuels et de programmes préétablis; la construction de plans de travail organise la progression méthodique de chaque groupe à partir des  activités choisies, l’enseignant restant garant des apprentissages. L’orientation des cours est  résolument « moderne » (sciences et mathématiques) et  laisse une place au moins égale aux activités manuelles, sportives, artistiques, sociales.    Les enfants inventent d’eux-mêmes des activités inédites: ils composent et montent des représentations  théâtrales,  soumettent leur petite communauté à un « tribunal » qui inaugure la cogestion de la vie scolaire,  rédigent et impriment dès 1910 leur très amusant « Echo de l’école », Malgré l’intérêt  que leur accorde la bourgeoisie progressiste, ces pratiques suscitent  une hostilité scandalisée  dans l’opinion publique et une partie importante du monde enseignant.
  • 1912
    Sortie d’une première promotion; celles qui suivent n’ont pas laissé de traces, à l’exception d’un étrange tableau vivant de 1916 ! Certains élèves accomplissent les dernières années dans d’autres établissements; à l’époque, d’ailleurs, toutes les jeunes filles belges devaient passer le Jury Central pour accéder aux études universitaires.
    Amélie Hamaïde rejoint l’équipe, qu’elle quittera momentanément en 1916 pour créer deux classes Decroly au Lycée Carter; leur succès entraîne d’autres tentatives, à la Ville de Bruxelles et à la Commune d’Anderlecht.
  • 1917
    Les réunions informelles organisées avec les parents ou leurs délégués  deviennent statutaires par la création du  « Conseil des parents », à raison de deux délégués par classe et d’un professeur par degré (douze au total). Les réunions mensuelles sont présidées par Decroly. Cette structure de gestion collective parents-enseignants-directions (plus les élèves depuis 1999) est toujours d’actualité.
  • 1922
    la Ville de Bruxelles publie un « programme Decroly » destiné à ses écoles primaires.  Les éditions Delachaux et Niestlé publient le mémoire sur « La méthode Decroly » qu’a présenté  Amélie Hamaïde à l’Université libre de Bruxelles; il sera traduit en plusieurs langues.  Elle devient « chef d’école » à l’Ermitage, Decroly restant directeur. « L’Echo » renaît sous le nom de « Courrier de l’école », mais devient une activité pédagogique impliquant les professeurs,  de même que le théâtre et les « charges » (responsabilités collectives) des élèves. Sous le nom d' »Etats généraux », le « tribunal » ressuscite aussi; il reste largement l’affaire des élèves.
  • 1925
    Reprenant un projet inabouti de 1914, le Comité de Parents fonde l’ASBL  « L’Ecole nouvelle »,  pour aider l’école en assurant la gestion du patrimoine immobilier, dont elle devient propriétaire légale. L’indépendance des deux entités garantit autant la liberté d’initiative pédagogique de l’école que son souci d’accueillir tous les enfants. Cette ASBL fonctionne toujours aujourd’hui, selon les mêmes principes.
  • 1927
    On déménage à la Villa Montana. Le jardin et la belle maison font partie des résidences plutôt huppées où les Bruxellois aisés passent la belle saison: mais Decroly en apprécie surtout la  situation, qui met facilement les enfants en contact avec la nature et avec les adultes « occupés aux professions fondamentales. »  Le milieu associe la forêt à une campagne encore paysanne; les quartiers populaires sont peuplés de petits fermiers, d’éleveurs et de maraîchers autour du Vivier d’oie et de la place St Job (la foire aux bestiaux les rappelle encore aujourd’hui); on y trouve les ateliers d’artisans ferronniers, jardiniers, menuisiers de la chaussée de Waterloo; et, enfin, la ville est d’accès facile.
  • 1929
    La nouvelle école est déjà trop petite.  L’architecte Blomme, parent d’élève,  est chargé de construire les Oiseaux … mais les finances sont au plus bas et son plan est à ce point défiguré qu’il charge sa fille Jacqueline d’en brandir le désaveu sur un écriteau pendant la récréation ! L’escalier dangereusement étroit doit en effet être aussitôt reconstruit. Le besoin de locaux devient chronique: l’ancien parc Montana se couvrira de bâtiments disparates. L’école primaire devient « école adoptable mixte », ce qui desserre quelque peu l’étau financier par le subventionnement d’un certain nombre d’enseignants. Elle est encore loin, cependant, de pouvoir troquer son titre d’école privée contre son statut actuel d’établissement « libre subventionné non confessionnel ».
  • 1932
    Decroly meurt inopinément le 12 septembre, dans le jardin de l’institut.. Une crise de succession s’ouvre aussitôt qui amènera Amélie Hamaïde à démissionner pour créer sa propre école en 1934.
  • 1933
    La section scientifique est homologuée et moyennant l’ajout de quelques heures au cours de latin, une section latin-mathématiques est créée.
  • 1934
    L’avocat Jean Fonteyne rédige les nouveaux statuts de l’A.S.B.L. « Ecole Decroly. » La direction générale  est confiée à Mlle G. Gallien, secondée par Lucie Libois-Fonteyne pour le secondaire. Le ministre F. Bovesse s’intéresse à l’école, lui rend visite et lui octroie un subside de fonctionnement.
  • 1936
    La section gréco-latine est homologuée à son tour.  A l’époque, ce diplôme est exigé dans toutes les facultés universitaires, sauf Polytechnique. Dans l’intérêt de ses élèves, l’école ne se borne donc plus aux humanités strictement  scientifiques et modernes voulues par Decroly; néanmoins, la « Scientifique A » restera la section de base jusqu’au passage à l’enseignement  rénové.
    L’accès à l’enseignement universitaire est dorénavant acquis et  l’école doit se conformer  aux exigences de l’Instruction Publique belge, dont le rigoureux contrôle de la Commission d’homologation des diplômes; elle  entend toutefois ne pas céder sur ses principes pédagogiques, tout  en poursuivant sa mission de laboratoire d’éducation.
    Une éclatante consécration lui est d’ailleurs apportée par  le « Plan d’Etudes » de 1936, imposé à tout l’enseignement primaire officiel par le Ministre François Bovesse. Explicitement inspiré de Decroly et de Freinet, il restera rituellement évoqué depuis lors…
    1940–45
    Nouvel épisode particulièrement difficile et douloureux pour l’école, dont plusieurs élèves disparaissent tragiquement. Un noyau de professeurs entre dans la Résistance et anime un journal clandestin. Des pratiques de résistance et d’entraide s’installent à tous niveaux dans l’école.
  • 1945
    Sous le patronage de F. van den Dungen, haut commissaire à la Recherche scientifique et prorecteur de l’Université libre de Bruxelles, les « Comités d’Initiative pour la Rénovation de l’Enseignement » (CIREB) préparent le prolongement de la scolarité obligatoire de 6 à 16 ans.  Ils rassemblent dans le même travail de recherche les enseignants de l’école Decroly et plusieurs professeurs de l’Université libre de Bruxelles. Leur but: est « la formation complète des futurs citoyens: (…) physique et intellectuelle, morale et civique, technique et scientifique, artistique et littéraire. »
  • 1948
    Melle Gallien exprime le désir de se consacrer uniquement à l’école primaire, la direction de l’Ecole secondaire est confiée à Lucie Libois-Fonteyne.
  • 1949
    Des tractations informelles s’engagent pour la reconnaissance d’un « Athénée Ovide Decroly », école expérimentale. Toutefois, en cessant d’être son propre « pouvoir organisateur », l’école perdrait  la liberté du choix des enseignants et le projet n’aboutit pas.
  • 1949
    Mariette Mertens succède à Mademoiselle Gallien à la tête de l’école primaire
  • 1952
    Le Ministre Pierre Harmel alloue à l’école une subvention extraordinaire au titre d’école expérimentale.
  • 1956
    A l’occasion de la crise de Suez, les premières « Journées Decroly » ouvertes aux enseignants favorisent l’exploitation d’un thème d’actualité, (le pétrole), en contrepoint des plans de travail conçus à partir des centres d’intérêt.  L’école en organisera désormais chaque année.
  • 1958 – 59
    Le Pacte Scolaire assure le paiement par l’Etat de tous les enseignants et des frais de fonctionnement, moyennant le respect des normes légales;  l’Etat n’intervient pas dans la construction ni l’entretien des bâtiments de l’enseignement libre (catholique ou non).  Appartenant au réseau subventionné libre non confessionnel, l’école ne bénéficie d’aucune aide pour l’entretien immobilier de ses locaux, d’autant plus lourd que le nombre d’élèves s’accroît sans cesse et qu’elle ne souhaite le patronage d’aucun parti, église, groupe de pression quelconque.
  • 1961
    L’école s’agrandit d’un nouveau bâtiment construit sur la grande plaine. Il comprend une salle de gymnastique équipée aussi d’une scène avec coulisses, sono et rideaux. C’est là que les classes joueront leur pièce. Ce sera le seul lieu théâtral pendant plusieurs années.
  • 1965
    Le jardin d’enfants s’installe dans un bâtiment nouvellement acquis, avenue Casalta.
  • 1967
    Francine Dubreucq succède à Lucie Libois à la tête de l’école secondaire.
  • 1971
    Suzanne Audag prend la direction de l’école primaire
  • 1971
    La World Education Fellowship (ex-Ligue Internationale d’Education Nouvelle) collabore étroitement avec l’école pour  célébrer son cinquantième anniversaire  et le centième anniversaire de la naissance d’O. Decroly  (Jubilee Conference, Palais des Congrès, Bruxelles), que l’école commémore par une exposition.  La direction de l’école est nommée « liaison officer » des sections francophones et participera aux congrès d’Edimbourg, de Bath et de Sydney; la section belge, présidée par les inspecteurs Roger et Vanbergen,  organisera trois journées d’études: « Nous autres, les enfants « , exposition présentée à la station de métro « De Brouckère »; « Nous autres, les parents », à l’Hôtel de ville de Bruxelles; « Nous autres, les enseignants » à l’institut Decroly.
  • 1971-1972
    L’exposition « Le Dr Decroly et l’éducation » est présentée aux universités de Gand et de Lille.
  • 1974
    La préparation du passage au rénové a entraîné le grossissement des effectifs de l’école qui ne peut plus contenir la totalité des élèves. L’acquisition d’une maison appartenant à une famille d’anciens decrolyens, à l’avenue Hamoir, permettra d’y installer six à sept classes. Après plusieurs tâtonnements, ce seront les deux dernières années du secondaire qui s’y fixeront.
  • 1975
    La Bibliothèque sociopédagogique Dr Decroly est créée par la Fondation d’utilité publique (Fondation Fernand et Louise Brunfaut).
  • 1977
    Ouverture de la Section « Sciences humaines »
  • 1978
    L’école crée  la « Fédération des écoles subventionnées indépendantes » (Felsi), qui réunit plusieurs institutions d’éducation  nouvelle ou de promotion sociale relevant du réseau libre subventionné, mais non de l’enseignement catholique; grâce à elle, un quatrième réseau dit  « libre subventionné non confessionnel » s’ajoutera aux trois autres (libre catholique; officiel de l’Etat; officiel neutre subventionné dont les PO sont des entités locales: provinces, villes, communes).
  • 1979
    L’école adapte les structures de l’enseignement rénové à sa méthodologie propre, par la création des options Observation – mesure (sciences et mathématiques), Association (sciences humaines), Expression abstraite (langues modernes et anciennes, philosophie, …), Expression concrète (dessin, techniques graphiques, maquettes, etc.). Les cours favorisent autant que possible la réunion des options différentes dans un tronc commun, plus favorable à la socialisation et au brassage des personnalités.
  • 1980
    Anny Tepe prend la direction de l’école primaire.
  • 1982-1990
    De grands travaux de rénovation des bâtiments de la Drève des Gendarmes transforment le préau et unissent les ailes « oiseaux » et « forêt » par une passerelle. Les classes sont agrandies et rendues plus lumineuses. Au sous-sol, une salle sert quotidiennement de réfectoire et de salle vidéo. Elle peut être transformée en salle de théâtre ou de conférence.
  • 1985
    Fondation du  Centre d’études decrolyennes et des Stages Lucie Libois-Fonteyne.
  • 1985
    Aline Bosquet est à la tête de l’école secondaire.
  • 1990-1997
    Un groupe de parents et d’enseignants, associé aux écoles primaires à pédagogie Decroly mène très loin un projet d’essaimage, d’agrandissement de l’école secondaire sur un autre site. Un concours d’architecte est organisé pour une implantation près de la gare de Calevoet. Le projet échouera suite aux compressions d’heures-professeurs imposées en 1996, rendant le projet impossible à organiser.
  • 1993
    Monique Binet dirige l’école primaire
  • 1994
    Françoise Guillaume devient directrice de l’école secondaire
  • 1997- 2004
    L’Ecole rédige ses « projets pédagogiques et d’établissement », profitant de l’obligation faite par le Décret Missions pour résumer dans une brochure les principes fondamentaux de sa pédagogie.
  • 1998-2005
    L’Ecole Decroly fait adopter par la Commission des Programmes des programmes en accord avec les référentiels de compétence dans la plupart des disciplines du secondaire, en vue de pouvoir encore exercer ses principes pédagogiques.
  • 1999
    Les statuts de l’Ecole Decroly sont revus dans un esprit d’un meilleur exercice de la démocratie, en y ajoutant la participation des élèves du troisième degré du secondaire.
  • 1999 et 2001
    L’Ecole Decroly organise deux colloques sur les thèmes « Lire,écrire » et « Observer » ; il s’agit d’établir un dialogue entre chercheurs spécialisés dans ces questions et praticiens de l’Ecole.
  • 2000
    Dans le bas de l’école, donnant avenue Montana, on transforme la Villa en y construisant des labos et deux nouvelles classes.
  • 2000
    Marcelle Clarinval assure la direction de l’école primaire
  • 2001
    Un incendie au Jardin d’enfants, survenu pendant un congé,  détruit les étages supérieurs du bâtiment. La reconstruction va permettre une rénovation majeure : ajout de nouvelles classes, de locaux administratifs, d’une salle à manger, amélioration de la cuisine.
  • 2002
    Hélène Gutt prend la direction de l’école primaire
  • 2006
    Création de la Fondation Ovide Decroly -Centre d’études decrolyennes.
  • 2007
    A l’occasion de son centenaire, l’Ecole édite un livre, rédigé collectivement, explicitant ses grands principes pédagogiques. Ce livre a été réalisé en collaboration étroite et avec le soutien actif de plusieurs parents. Un colloque sur l’actualité des pédagogies actives est organisé en collaboration avec l’ULB. Cent ans,  sans temps. Philippe Meirieu en assure la conférence inaugurale.
  • 2009
    Les travaux avenue Casalta s’achèvent enfin.
  • 2010
    L’Ecole Decroly est reconnue comme organisme de formation par l’Institut de Formation en Cours de Carrière (inter-réseaux).
  • 2011
    Marc Charlier succède à Françoise Guillaume
  • 2013-2014
    Les bâtiments de l’avenue Hamoir devenant vétustes, on les démolit pour construire une toute nouvelle école. Cette construction passive, bâtiment exemplaire est inaugurée en septembre 2014.