« WAGNON Sylvain, « La correspondance d’Ovide Decroly (1871-1932) : Reflet d’une « internationale » de la psychologie européenne dans la première moitié du XXème siècle ? », Recherches et Educations, n°9, octobre 2013, pp. 131-151, [en ligne], http://rechercheseducations.revues.org/1790 

A travers l’étude de la correspondance d’Ovide Decroly, nous voudrions mettre en avant les relations que le pédagogue belge a entretenues avec d’autres psychologues européens. Ovide Decroly est avant tout connu en Belgique et dans le monde entier comme un médecin- éducateur, un pédagogue d’Education nouvelle initiateur de la notion de globalisation et d’un programme éducatif fondé sur les centres d’intérêt. Déjà en 1948 Henri Wallon, remarquait que s’il était rare qu’un savant se « porte ombre à lui-même » c’était pourtant le cas de Decroly.1

En effet, ses travaux pédagogiques avaient mis au second plan ses recherches en psychologie. La correspondance d’Ovide Decroly, conservée au Centre d’études decrolyennes de Bruxelles, que nous avons inventoriée nous a semblé un outil pertinent pour analyser cet enchevêtrement entre ses travaux psychologiques et ses travaux pédagogiques. Cette source épistolaire, en complément des 450 contributions publiées dont une dizaine d’ouvrages importants que le pédagogue publia de 1897 à sa mort en 1932, a été pour nous l’occasion d’établir l’hypothèse d’une « internationale » des psychologues européens du début du XXe siècle. Le terme est évidemment trop fort car autour de Decroly nulle trace d’un mouvement organisé, construit, de la psychologie. Néanmoins, à partir de sa correspondance se dessine un « réseau » international d’échanges et de liens professionnels entre plusieurs psychologues. Notre ambition est ici avant tout de proposer une méthodologie pour l’étude d’une correspondance et d’élaborer quelques pistes pour des travaux plus conséquents concernant les réseaux de correspondances des pédagogues et des psychologues du XXe siècle. Les ego-documents, et en tout premier ordre les correspondances, constituent des corpus importants de compréhension de liens interpersonnels. Les outils informatiques disponibles, systèmes d’informations géographiques et bases de données relationnelles, permettent le traitement, la formalisation et la représentation de ces données et ouvrent de nouvelles problématiques. Si une épistémologie des réseaux relationnels apparaît nécessaire, le numérique rend possible aujourd’hui des travaux de plus grande envergure. Ensuite, cette contribution s’appuie d’une part sur les travaux pionniers en histoire épistolaire, de Mireille Bossis2, Charles A. Porter3 et Roger Chartier4 pour l’histoire littéraire ; mais plus encore, du point de vue méthodologique sur les recherches de Cécile Dauphin qui préconise les correspondances comme des objets d’histoire5.

Si les ego-documents sont une source évidente pour les recherches en histoire littéraire, ce n’est pas le cas en histoire de l’éducation et de la psychologie. Pour nos travaux, nous avons été particulièrement attirés par la notion de réseaux interpersonnels et de réseaux de correspondances développés pour l’histoire moderne par Pierre-Yves Beaurepaire6.

Fondamentalement pluridisciplinaire, l’étude des égo-documents représente pour nous une perspective intéressante en histoire de l’éducation. A l’instar de ces correspondances savantes du XVIIIe siècle, les réseaux qui se constituent méritent l’élaboration d’une méthodologie spécifique liée aux conditions même d’une histoire de l’éducation. Sources parmi d’autres, les ego-documents permettent une nouvelle lecture historique de l’univers des pédagogues et des psychologues au croisement de la sphère sociale et de la sphère privée. Nous voudrions donc ici esquisser très modestement une étude de cas à partir de la correspondance d’Ovide Decroly que nous avons pu inventorier et cartographier. Tout d’abord, nous souhaiterions préciser notre démarche méthodologique ainsi que les sources utilisées. Cela nous permettra d’expliquer pourquoi nous sommes passés de la notion de « correspondance passive » à celle de « réseaux de correspondances ». Ainsi, nos deux premiers axes décriront le choix de ce corpus épistolaire et d’une méthodologie d’analyse ainsi que les premières réflexions sur la constitution des réseaux de sociabilités d’Ovide Decroly.
Ensuite, toujours à l’aide d’une étude cartographique des données, il nous a semblé intéressant de mettre en relation d’autres correspondances de psychologues. En choisissant Alfred Binet (1857- 1911), Henri Piéron (1881-1964) et Edouard Claparède (1873-1940), nous voudrions observer et analyser d’une part certains réseaux de sociabilité de Decroly et d’autre par ?t établir en quoi ces relations épistolaires sont de possibles moyens d’échanges, d’élaboration de projets, de définitions de nouvelles notions qui structurent l’itinéraire de ces chercheurs.

La correspondance d’Ovide Decroly : le choix d’un corpus et d’une méthodologie

Afin de comprendre notre démarche méthodologique, nous devons avant tout préciser les sources utilisées et en particulier le corpus des archives épistolaires d’Ovide Decroly mais aussi l’histoire et la construction de cette correspondance. Le dépouillement systématique de l’ensemble de la correspondance passive d’Ovide Decroly, appartenant au Centre d’Etudes Decrolyennes de Bruxelles, permet de se faire une première idée de la variété des échanges qu’Ovide Decroly avait entretenus tout au long de sa carrière. A ce jour, le corpus a été traité en totalité et les données enregistrées dans une base de données relationnelles.

Quelles sont les caractéristiques principales de ce corpus épistolaire ? Premièrement, de 1897 à 1932, le corpus regroupe 261 correspondants, nous n’en avons pour l’instant retenu que 204, le restant étant encore illisible, ce qui est un nombre relativement réduit par rapport aux correspondances passives de psychologues contemporains d’Ovide Decroly comme Henri Piéron ou Edouard Claparède qui possèdent plus de 1000 correspondants pour le français et plus de 2000 pour le genevois.

Ensuite, aucun correspondant ne cumule plus de 10 lettres, ce qui fait un total relativement réduit de près de 600 lettres et très réduit au regard des 20.000 lettres de la correspondance du psychologue français Ignace Meyerson (1888-1983). A cette correspondance passive, s’ajoute un corpus de 27 lettres que nous pourrions appeler une correspondance de « jeunesse » qui s’échelonne de 1885 à 1889. Une correspondance à la fois passive et active du jeune Decroly à ses parents lorsqu’il poursuivait ses études secondaires à Malines, puis comme étudiant en médecine à l’Université de Gand. Par ailleurs, la correspondance d’Ovide Decroly se compose principalement d’échanges professionnels. Néanmoins, nous pouvons entrevoir quelques « réseaux personnels » d’Ovide Decroly, une notion qui, du point de vue sociologique, peut se définir comme « l’ensemble formé d’un individu, des individus qui sont en relation directe avec lui et des relations que ces individus entretiennent les uns avec les autres »7.

On peut même parler de liens d’amitié qui apparaissent très perceptibles avec le psychologue suisse Edouard Claparède. Néanmoins, cette correspondance se révèle très lacunaire en ce qui concerne ses liens amicaux ou ses relations extra-scientifiques.
Enfin, cette correspondance d’Ovide Decroly ne peut se comprendre sans celle de son épouse et collaboratrice Agnès Decroly (1875-1953). Cette seconde correspondance « annexe » possède plus de 120 correspondants pour un total de seulement 128 lettres.
En effet, cette correspondance est principalement issue des « traditionnelles » lettres de condoléances lors de la mort du pédagogue belge. Cependant, une correspondance plus suivie est manifeste avec Henri Piéron, Edouard Claparède et le colombien Nieto Caballero. Ensuite, les très nombreuses lettres de condoléances semblent en « décalage » avec la correspondance passive de Decroly. En effet, de nombreuses personnalités rappellent leurs travaux communs ou leurs collaborations avec Ovide Decroly. C’est en particulier le cas de pédagogues belges comme Lily Carter mais aussi étrangers l’Américain Henri Goddard, le psychologue Henri Wallon et des militants de l’Education nouvelle française comme Angéla Medici, Marguerite Angles, Marie-Louise Soustre ou Emilie Flayol.

Cette différence entre les deux correspondances des époux Decroly nous interroge quant à la « construction » de ce corpus.
Quelques éléments nous ont prouvé la « reconstruction » de cette correspondance par Agnès Decroly. Nous n’avons aucune preuve formelle d’une volonté de «tri mystificateur» de la mémoire du pédagogue et une perte pure et simple de certaines lettres est à prendre en compte. Ceci étant dit, on peut aisément remarquer la différence déjà évoquée entre les correspondants des années 1897 à 1932 et ceux qui se manifestent lors du décès du pédagogue ; ensuite, il faut noter, la quasi absence d’une sociabilité personnelle et de certains correspondants. Par exemple, les lettres d’Henri Piéron sont au nombre de 2, alors que la correspondance passive d’Henri Piéron possède plus de 54 lettres d’Ovide Decroly. Autre cas qui illustre clairement ce « tri » ultérieur, nous avons retrouvé une lettre du pédagogue anarchiste espagnol Francisco Ferrer (1859-1909) à Ovide Decroly dans les archives de sa fille Sol Ferrer. De façon très opportune, cette dernière a noté qu’il s’agit d’un don d’Agnès Decroly en 1949. Autre exemple, un article récent fait état d’une lettre de Frantisek Bakulé (1877-1957) à Ovide Decroly qui ne se trouve pas dans la correspondance Decroly8 .

Une correspondance est nécessairement une reconnaissance officielle et une telle reconstruction est un élément de participation à un possible « mythe »9.

Ainsi, l’étude seule de la correspondance passive nous a semblé très précaire et nous avons donc voulu élargir notre étude à l’idée de « réseaux de correspondances ». Cette notion particulièrement développée chez les historiens de l’époque moderne10, nous semble fondamentale ici en histoire de l’Éducation, pour l’étude des réseaux d’Ovide Decroly.

La correspondance d’Ovide Decroly est-elle le reflet d’un réseau singulier ou représentatif d’autres psychologues contemporains ? Pour réfléchir à cette question, nous devons aborder l’histoire des sociabilités à travers la notion de réseaux de correspondances.
Il est toujours complexe de caractériser un réseau épistolaire du point de vue socio-historique pour des personnalités qui par leurs fonctions ont multiplié les échanges interpersonnels et les relations avec de multiples associations et institutions. Nous avons donc recherché d’une part, à décrire par étapes et par zones géographiques le réseau épistolaire d’Ovide Decroly et d’autre part, à mener des comparaisons avec plusieurs psychologues européens avec qui il a eu des contacts plus ou moins étroits et qui possèdent eux aussi leur propre réseau épistolaire. La mise en commun de ces données nous a, entre autres, permis de « construire » le réseau de correspondance d’Ovide Decroly.
Plusieurs méthodes s’offraient à nous pour analyser cette correspondance ; nous avons fait le choix, dans la lignée des travaux de Pierre-Yves Beaurepaire pour le XVIIIe siècle11, des outils de représentation graphique des réseaux, afin de mieux explorer à la fois le réseau decrolyen et établir une comparaison avec d’autres correspondances. En effet, ce choix nous a semblé particulièrement pertinent pour « visualiser » les constellations de correspondants et les interactions entre correspondants.
Ainsi, nous développerons ici deux axes. D’une part, à partir de la correspondance passive d’Ovide Decroly, la constitution de ses réseaux comme illustration de l’affirmation et de l’internationalisation de sa démarche.
D’autre part, à l’aide des correspondances de plusieurs psychologues contemporains avec qui il fut en contact, nous chercherons à savoir s’il s’agit d’un « simple » rayonnement international ou d’échanges scientifiques qui ont infléchi, enrichi la pensée d’Ovide Decroly et participé à la création d’une « internationale » des psychologues.

La correspondance decrolyenne : illustration de l’internationalisation d’un cheminement intellectuel

L’historique d’une correspondance peut-être le reflet des préoccupations intellectuelles d’un individu, de l’évolution de ses thèmes de recherches, de ses liens avec d’autres chercheurs. Quelques éléments apparaissent immédiatement dans la correspondance de Decroly. D’un point de vue chronologique, sa correspondance s’intensifie de façon exponentielle dans les années 1920-1928, période d’intense activité professionnelle avec en particulier son intégration comme enseignant de l’Université Libre de Bruxelles en 1919 et sa reconnaissance internationale avec la création de la Ligue internationale de l’Education nouvelle en 1921. Ensuite, ce qui paraît peut-être moins évident au premier abord, il faut noter la surreprésentation de ses contacts avec des psychologues par rapport aux pédagogues. Même si la frontière n’est pas imperméable, comme dans le cas d’Edouard Claparède, cette idée nous permet de réaffirmer la surreprésentation du Decroly-pédagogue dans l’historiographie par rapport au Decroly-psychologue.

Carte 1 : la constellation générale des correspondants de Decroly.

Carte 1 : la constellation générale des correspondants de Decroly.

 

Nous avons dans un premier temps cartographié l’ensemble des 204 correspondants identifiés d’Ovide Decroly (carte 1). Cette première carte illustre la « constellation » des correspondants du médecin-éducateur. En effet, en l’état actuel de la connaissance de cette correspondance, il ne s’agit pas d’un réseau hiérarchisé de quelques « grands » correspondants importants par le nombre de lettres et la durée de leurs relations mais d’une constellation puisque aucun correspondant ne cumule plus de 10 lettres. Par ailleurs, les correspondants d’Ovide Decroly se répartissent sur plus de 37 pays, ce qui illustre déjà une grande ouverture internationale.

 

 

Carte 2. La constellation des correspondances avant 1918

Carte 2. La constellation des correspondances avant 1918

 

Nous avons ensuite voulu donner des repères chronologiques à cette correspondance. Ainsi, si l’on reprend notre graphe et que nous ne cartographions que les noms des correspondants antérieurs à la Grande Guerre (carte 2), nous remarquons immédiatement un nombre très réduit de correspondants (moins de 20 noms, soit près de 10% du total de sa correspondance de 1897 à 1932).

Néanmoins, cette correspondance réduite est déjà internationale et plus particulièrement française. Cette caractéristique s’explique par le fait qu’après ses études de médecine à l’Université de Gand, Decroly entreprend deux voyages d’études en 1896 à Berlin et en 1897 à Paris.

C’est à Paris qu’il se spécialise en neurologie et qu’il établit au sein de l’hôpital de la Salpêtrière et de Sainte-Anne, ses premiers contacts scientifiques marqués par la publication de ses premiers travaux, en particulier avec le docteur Claude Philippe12, au sein du laboratoire du docteur Fulgence Raymond. Le poids de cette correspondance française marque aussi le fait qu’Ovide Decroly appartient à la « sphère de la psychologie française », à une psychologie structurée par la méthode pathologique, évolutionniste et aux racines d’une psychologie expérimentale dans la lignée de Claude Bernard, Jean Martin Charcot, Théodore Ribot, puis Pierre Janet et Henri Piéron.
Présent pendant l’année académique 1897-1898 à Paris, Ovide Decroly est devenu depuis septembre 1898 médecin au service neurologique de la Policlinique de Bruxelles dirigée par Zénon Glorieux, à la fois le « père » de la neurologie belge et ami de Fulgence Raymond. A partir de cette date, ses multiples publications sur l’enfance « irrégulière » en font un spécialiste reconnu de l’éducation spéciale. Lui-même fonde en 1901 et dirige, jusqu’à sa mort en 1932, un Institut d’enseignement spécial à Uccle (Bruxelles). Ensuite, en 1904, il commence à collaborer régulièrement à la revue l’Année psychologique, revue « phare » de la psychologie française13 créée en 1894 et liée aux travaux du laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne. Ovide Decroly entame ainsi un dialogue permanent avec les psychologues français Henri Piéron et Alfred Binet.
Mais cette très nette sous-représentation de la correspondance retrouvée avant 1918 est fortement à relativiser à partir de deux exemples. D’une part, la correspondance passive de Decroly ne possède aucune lettre d’Henri Piéron antérieure à 1918, alors que les archives épistolaires de Piéron sont constituées de 15 lettres de Decroly des années 1904 à 1914, qui témoignent d’échanges scientifiques réels.
En second lieu, cette correspondance minore très fortement la présence et le rôle effectif de Decroly, que l’on observe avec d’autres sources dans les congrès internationaux de psychologie (en particulier celui de Genève en 1909), ou le congrès international pénitentiaire de Washington en 1910 ou celui de pédologie de Bruxelles en 1911.
Néanmoins, il apparaît, d’après cette correspondance, que la multiplication des échanges n’est « visible » qu’après la fin de la Grande Guerre.

Les cartes que nous avons élaborées illustrent à partir de 1919 la richesse de son réseau épistolaire lié directement à sa reconnaissance académique au lendemain de la première guerre mondiale.

Carte 3 : des constellations géographiques

Carte 3 : des constellations géographiques

Ensuite, afin d’explorer cette correspondance, il nous a semblé intéressant d’établir aussi une typologie géographique de cette correspondance. Que remarque-t-on au premier abord ?

Avant tout, un « groupe belge » relativement sous-représenté (26 noms) avec pas ou peu de collaborateurs proches d’Ovide Decroly, ce qui peut s’expliquer justement par cette proximité. Par contre, on peut observer la présence d’un nombre conséquent de directeurs d’école, de juges pour enfants ainsi que des personnalités scientifiques comme Paul Heger (1846-1925), dans une correspondance dans ce cas précis, non entre scientifiques mais comme grand-père d’un élève de l’école de l’Ermitage créée par Decroly en 1907.
Donc une correspondance avant tout internationale où trois réseaux dominent par le nombre de correspondants, le nombre de lettres et la durée des correspondances.
Tout d’abord, un axe français qui se structure depuis 1897 et son séjour parisien et avec la présence de correspondances personnelles fortes, notamment avec Henri Piéron et Alfred Binet. Après 1918, on constate la présence de plusieurs éditeurs français : Félix Alcan, Octave Doin ou le psychologue Ignace Meyerson (mais ici en tant que collaborateur des Editions Alcan). Pour nuancer notre remarque sur la sous-représentation dans cette correspondance du « Decroly pédagogue », on retrouve des échanges nourris des militants de l’Education nouvelle française (Georges Berthier de l’école des Roches, des représentants du collège Sévigné ou Mlle Herbinière-Lebert qui organisa le congrès de l’enfance en 1931).
Ensuite, un axe « anglo-saxon » avec une très forte représentation américaine. Cette correspondance est importante et précise les contacts d’Ovide Decroly dans la préparation de son voyage d’études, en 1922, aux Etats-Unis, en compagnie de Raymond Buyse, futur professeur en Sciences de l’Éducation de l’université catholique de Louvain. Ce voyage donne lieu, à partir de 1925, à plusieurs publications conjointes14 et tout récemment la reproduction du carnet de voyages de Raymond Buyse permet de comprendre la richesse des échanges établis sur place15.

A travers cette correspondance, même passive, nous pouvons noter la fascination de Decroly pour les Etats-Unis, pour les réformes entreprises et les initiatives prises par certains acteurs éducatifs. Ensuite, si l’on analyse en parallèle sa bibliographie, on peut remarquer une réelle inflexion de ses travaux dans le domaine des tests et de l’orientation professionnelle. L’objectif même de ce voyage d’études était de mieux connaître les initiatives en la matière.
Enfin, un axe hispanique d’Espagne et surtout d’Amérique latine (Colombie mais également Mexique et Costa Rica), est perceptible en relation directe avec son voyage en Colombie de 1925, mais aussi sous l’influence des travaux et des initiatives de son ancien collaborateur Georges Rouma, fondateur l’Ecole normale de Sucre en Bolivie. Des correspondants comme Adolphe Ferrière raconteront, de façon parfois hagiographique, son influence en Amérique latine.
Ainsi, la carte 3 permet de visualiser une correspondance internationale autour d’un pôle francophone et d’un pôle américain au sens large (Amérique du Nord et Amérique latine). Au-delà de ces trois réseaux principaux, des réseaux « secondaires » par leur nombre sont à signaler : allemand, autrichien, néerlandais, polonais mais aussi suisse, où l’on retrouve les « grands » noms de la psychologie, de l’Education nouvelle genevoise et de l’Institut Jean Jacques Rousseau (Edouard Claparède, Alice Descoeudres, Adolphe Ferrière, Jean Piaget, Pierre Bovet).
Parmi les raisons diverses de ces différentes vagues de correspondances et de nouveaux correspondants, émerge à notre avis un élément fédérateur : la volonté d’institutionnaliser et d’internationaliser sa démarche pédagogique. Depuis 1919, Ovide Decroly obtient une reconnaissance universitaire en intégrant la nouvelle faculté de pédagogie de l’Université libre de Bruxelles. Mais surtout en 1921, il rédige, avec Gérard Boon, un texte intitulé Vers l’école rénovée, première étape16,qui reste un manifeste mais surtout un « programme » pour l’ensemble du système éducatif belge. C’est la même année qu’Ovide Decroly participe à la création de la Ligue internationale d’Éducation nouvelle établissant des liens accrus entre pédagogues du monde entier.
C’est ainsi, au début des années 1920, que le psychologue est reconnu dans les « cercles » de l’Education nouvelle, comme un pédagogue et un interlocuteur incontournable.
La correspondance de Decroly est-elle singulière ou représentative de celle d’un médecin, psychologue et pédagogue du début du XXe siècle ? Sa correspondance est-elle une correspondance miroir de sa reconnaissance internationale ou une correspondance « illusion d’une reconnaissance » ? Est-elle singulière ou représentative ? Est-elle le reflet d’un simple rayonnement international ou le fruit d’échanges scientifiques réels et d’un réseau de psychologues de la première moitié du XXe siècle ?
Afin de répondre à ces questions, nous devons aborder l’analyse de « réseaux de correspondance » en éclairant ses liens avec trois autres psychologues : Alfred Binet, Henri Piéron et Edouard Claparède.

 

Les correspondances d’Ovide Decroly et d’Alfred Binet : l’illustration d’échanges nourris concernant l’élaboration des tests mentaux.

Carte 4 : Alfred Binet et Ovide Decroly : deux sphères d’influences distinctes

Carte 4 : Alfred Binet et Ovide Decroly : deux sphères d’influences distinctes

 

Nous avons d’abord cartographié les correspondances d’Ovide Decroly et d’Alfred Binet (carte 4). Nous n’avons pas réinscrit tous les noms afin de faciliter la lisibilité du schéma, mais seulement les noms en commun qui sont finalement très peu nombreux : Théodore Simon, Henri Piéron et Edouard Claparède.

Nous avons vu que Decroly avait rédigé la plupart de sa correspondance après 1918 et Alfred Binet décédant en 1911, il y a donc évidemment une question non seulement de génération mais de concordance des temps17. A la première lecture de ce graphique, nous pouvons constater deux correspondances qui possèdent très peu de liens et qui semblent refléter deux zones d’influence distinctes. Néanmoins, ce constat est très superficiel en raison du caractère parcellaire et incomplet de leurs correspondances. L’étude de la correspondance entre Ovide Decroly et Alfred Binet marque les limites d’une analyse liée à la comparaison entre deux correspondances différente : passive ou active, reconstruite, disséminée ou détruite. Néanmoins, le croisement de leurs correspondances avec leurs publications sur l’élaboration des tests mentaux permet d’observer un véritable échange intellectuel. En effet, les écrits respectifs des deux psychologues enrichissent cette correspondance et illustrent en quoi, chacun à leur façon, ils ont participé à l’élaboration du socle intellectuel de la pédagogie expérimentale mais aussi créé les conditions et les outils de cette connaissance scientifique de l’enfant18.

Le chassé-croisé de leurs écrits de 1905 à 1911 dessine les éléments de construction d’une psychopédagogie et marque leurs préoccupations communes. La question de « l’échelle métrique » mise en place par Alfred Binet, le fameux test « Binet-Simon » dès 1905 illustre à la fois la création d’un outil majeur pour mieux connaître l’enfant de façon « scientifique » mais aussi un élément de controverse permanent entre les deux hommes19.

Néanmoins, la psychométrie restera pendant toute sa carrière une préoccupation qui aboutit à l’élaboration de ses propres tests intitulés « Buyse-Decroly » issus de sa collaboration avec Raymond Buyse à l’issue de leur voyage aux Etats-Unis20.

Mais s’ils partagent cet élan et cet espoir dans la mise en place d’une pédagogie expérimentale, ils présentent deux conceptions différentes de l’action éducative et de cette Science de l’Education qu’ils tentent, par leurs travaux, de construire.

Ovide Decroly – Henri Piéron – Edouard Claparède : l’embryon d’un « réseau » de la psychologie européenne.

Carte 5 : Piéron-Decroly, des correspondances aux liens étroits

Carte 5 : Piéron-Decroly, des correspondances aux liens étroits

 

Nous avons, dans un second temps, procédé de même avec la correspondance passive d’Henri Piéron. Il s’agit d’une correspondance très importante de plus de 1000 interlocuteurs et nous avons donc effectué le même travail que pour Binet. On remarque un nombre plus conséquent de correspondants communs français, italien, suisse et colombien. De plus, aux 51 lettres de Decroly à Piéron, de 1905 à 1931, on peut rajouter les 60 lettres d’Agnès Decroly à Piéron de 1932 à 195321 qui marquent de réels échanges. Ainsi, Henri Piéron corrige sur la demande de Decroly, certains de ses textes avant publication. Henri Piéron écrit la préface à l’ouvrage de Decroly sur la pratique des tests mentaux22. Ensuite, leur correspondance marque leur travail commun lors des congrès internationaux de psychologie où ils se retrouvent et préparent leurs rencontres du point de vue professionnel, en particulier lors des congrès de Genève 1909 ou Yale 1929.

Néanmoins, Ovide Decroly n’est pas le seul interlocuteur belge d’Henri Piéron et si nous ajoutons les correspondants belges présents dans la correspondance de Piéron (carte 6), on dénombre plus de 22 noms qui regroupent les grands noms de la pédagogie expérimentale et scientifique belge, en particulier Médard Schuyten (12 lettres), Jean-Jules Van Biervliet (5 lettres) mais aussi des proches et collaborateurs directs de Decroly : son mentor Jean Demoor (1 lettre), Julia Degand (3 lettres), Auguste Ley (5 lettres), Tobie Jonckeere (33 lettres), Amélie Hamaïde (6 lettres), René Jadot (7 lettres).

Carte 6 Piéron et Decroly, une correspondance très étroite

Carte 6 Piéron et Decroly, une correspondance très étroite

 

La correspondance de Claparède représentant plus de 1000 correspondants a été simplifiée afin de mieux rechercher et visualiser les correspondants communs. Mais des échanges épistolaires riches et réguliers entre Claparède et certains correspondants23.

 

Carte 7 Claparède-Decroly

Carte 7  Claparède-Decroly

 

Un réseau de correspondance très étroit apparaît (carte 7). Les deux hommes entretiennent des liens professionnels et amicaux très forts, illustrés par les 23 lettres de Decroly, de 1903 à 1929, mais aussi par les 9 lettres de Mme Decroly à Claparède de 1932 à 1939. La correspondance passive de Decroly dénombre quant à elle 4 lettres de Claparède à Agnès Decroly et 6 lettres à Ovide de 1914 à 1931, répertoriées et non retrouvées.
Ce réseau de correspondances témoigne bien des liens étroits entre Genève et Bruxelles dans la naissance d’une Science de l’éducation, dans le développement de la psychologie et de l’Education nouvelle, mais aussi pour Decroly non seulement des réels échanges ainsi qu’une institutionnalisation et une légitimation de ses travaux. En effet, en 1913 la nouvelle revue de la société belge de pédotechnie de Decroly est directement soutenue par l’Institut Jean-Jacques Rousseau et par Edouard Claparède.

Carte 8. Piéron Decroly-Binet, Claparède

Carte 8. Piéron Decroly-Binet, Claparède

 

En dernier lieu, et pour finaliser ce « jeu de cartes », nous avons rapproché les quatre correspondances (carte 9) afin d’observer la constitution d’un véritable réseau de correspondances entre les psychologues français, suisse et belge.
Peut-on réellement parler d’une « internationale » de la psychologie ? L’étude préliminaire des réseaux de correspondances apporte quelques pistes de liens étroits entre psychologues mais une étude détaillée et comparée des congrès internationaux de psychologie de 1889 à 1946 pourrait confirmer ou infirmer cette piste.

Quelques pistes d’une « internationale » de la psychologie

Le terme « d’internationale » de la psychologie pourrait accréditer l’idée d’une structure déclarée et formelle, ce n’est évidemment pas le cas. Néanmoins, ce terme sous-entend la présence de relations étroites, pas seulement professionnelles, qui, en marge des organisations existantes comme les congrès internationaux de psychologie, dessine un « réseau » de sociabilités entre psychologues. Même si les travaux de ces psychologues se situent dans des champs de recherches éloignés, leurs liens épistolaires permettent de visualiser des univers complémentaires, en particulier dans l’élaboration d’une docimologie. Ici notre objectif n’est pas d’examiner le contenu de leurs correspondances mais d’ouvrir des perspectives de recherches nouvelles.
Il nous semble que très sommairement notre étude centrée sur la correspondance d’Ovide Decroly permet ici d’éclairer deux questions. D’une part, celle d’une possible « clef générationnelle »24 pour comprendre ses réseaux de correspondances et d’autre part, l’importance de la psychologie dans l’étude de l’action éducative et l’élaboration de « pédagogies nouvelles » dont Ovide Decroly est une des figures majeures. C’est autour de ces deux questions qu’a pu s’élaborer une « internationale » de la psychologie.

L’approche générationnelle nous semble ici une « grille de lecture » possible d’un groupe humain spécifique. Comme l’a analysé du point de vue socio-historique Michel Winock25, la notion de génération, tout en étant une notion polysémique qui peut être liée à un élément fondateur, peut aussi se définir autour de réponses ou tout au moins de réflexions parfois contradictoires qui forment des systèmes idéologiques. Dans notre cas précis et à partir de l’étude des réseaux de correspondances, les différents psychologues apparaissent bien comme un « groupe concret » non pas d’ailleurs nécessairement d’une seule génération mais bien d’une « coexistence de générations » qui s’associent autour de domaines de recherches communs et par des modes d’interventions similaires autour des congrès internationaux en particulier de psychologie, mais aussi de revues comme l’Année psychologique.

Ainsi, dans cette logique et en reprenant la définition ancienne de Wilhelm Dilthey (1833-1911), cette génération se définit et « forme un cercle assez étroit d’individus qui, malgré la diversité des autres facteurs entrant en ligne de compte, sont reliés en un tout homogène par le fait qu’ils dépendent des mêmes grands événements et changements survenus durant leur période de réceptivité ».26
Dans son ouvrage sur la sociologie des générations27, Claudine Attias-Donfut pose les questions de l’identification et de la définition des « traits dominants » d’une génération en précisant bien qu’une génération ne se caractérise pas uniquement par des faits historiques marquants mais aussi par une construction rétrospective et sélective de cette génération. On perçoit bien qu’ici les psychologues tels que Henri Piéron, Alfred Binet, Edouard Claparède, Ovide Decroly sont devenus parfois des figures mythifiés de la psychologie naissante et de l’Education nouvelle.
Identification sociale, orientation politico-idéologique commune, outils de recherches et d’actions similaires, ces quelques notions placent déjà quelques traits d’une génération de la psychologie européenne au début du XXe siècle.

A travers Ovide Decroly, une double tendance générationnelle est perceptible. D’une part, le « glissement » de médecins-neurologues en psychologues. La « période française » des années 1897 et 1898 d’Ovide Decroly à La Salpetrière et à Sainte Anne, est fondamentale par ses rencontres et par les conséquences sur l’évolution de ses recherches. Ses premiers travaux et publications sur la physiologie du cerveau s’intègrent dans l’évolution médicale issue des transformations des sciences physiques et illustrent le passage d’une physiologie en science expérimentale vers la psychologie, d’une psychologie autonome et moderne.
D’autre part, ces médecins (Ovide Decroly, Jean Demoor, Auguste Ley) issus de la science neurologique de la fin du XIX siècle ambitionnent de créer une nouvelle science. Une nouvelle science qui doit s’intéresser à ce nouvel objet d’étude qu’est l’enfant et qui doit regrouper les sciences naturelles, la biologie et les sciences psychologiques naissantes. C’est le paradigme de la pédologie, terme créé en 1896 par O. Chrisman28 et qui connut à la fois un essor rapide au début du XXe et une disparition aussi rapide avant même la Grande guerre. Aujourd’hui, le terme pédologie n’est non seulement plus synonyme d’une science de l’enfant mais définit l’étude des sols !
Cette pédologie devait ainsi dépasser à la fois la psychologie de l’enfant et la pédagogie mais aussi proposer une nouvelle façon de concevoir l’éducation. Un de ses premiers thuriféraires le français Eugène Blum précise :

« Le terme de psychologie de l’enfant est équivoque, d’abord en ce qu’il est lié à la pédagogie traditionnelle, et que cette alliance d’une science en voie de constitution, mais positive, avec un art imprécis, est mauvaise. De plus et surtout, l’emploi de ce terme confirme cette idée trop répandue que la psychologie de l’enfant est un chapitre de la psychologie de l’adulte. On commet ainsi une erreur : l’enfant est un être sui generis au point de vue physiologique et psychologique, et non un homme en raccourci. Enfin, le mot pédagogie implique un art, des préoccupations finalistes et normatives qui n’ont rien à voir avec la recherche et l’institution de lois scientifiques »29 .

Pour construire cette nouvelle science, il faut répondre à une série de questionnements : comment définir cette nouvelle science, comment délimiter son champ d’action, quelles démarches et quelles méthodologies utiliser, enfin comment légitimer et installer cette science du point de vue académique ? L’échec de la pédologie réside avant tout dans l’incapacité à répondre à ces questions et à se définir de façon autonome par rapport à d’autres sciences en particulier de la biologie, mais aussi la psychologie qui apparaît a posteriori comme la science nouvelle qui éclipsera la pédologie. Les différentes correspondances montrent bien que tous ces médecins ou psychologues se préoccupent de ces questions. Si Decroly apparaît comme un militant de la pédologie jusqu’à la première guerre mondiale, Alfred Binet émet de très fortes critiques sur cette « pseudo-science »30.

Mais, à partir de 1910, la définition d’une psychopédagogie, liée à la psychologie du développement de l’enfant, ainsi que l’élaboration de méthodes et d’outils jugés scientifiques, comme la psychométrie sont des points convergents ces psychologues dont certains, comme Decroly, vont devenir des pédagogues à part entière en créant leurs propres écoles.
Malgré des conceptions de la psychologie et des méthodes qui diffèrent, l’étude des réseaux de correspondances confirment cette double volonté de développer des recherches d’une part sur la mesure de l’intelligence, en particulier en se basant sur l’échelle métrique de Binet-Simon dès 1905 puis d’autre part, après 1918 de s’intéresser activement à la question de l’orientation professionnelle. Nous n’avions ici d’autre prétention que de montrer l’insertion de tout réseau à caractère scientifique dans un ensemble de relations épistolaires et personnelles aux ramifications multiples. Il importe donc de souligner que cette étude fondée avant tout sur le répertoire exclusif des 34 ans de la correspondance d’Ovide Decroly, ne veut être qu’une modeste introduction à l’histoire de réseaux des psychologues de la première moitié du XXe siècle. Ces réseaux de correspondance illustrent et permettent de découvrir un « petit monde » de scientifiques avec leurs réseaux de sociabilités, leurs règles de fonctionnement et leurs itinéraires intellectuels.

WAGNON Sylvain, « La correspondance d’Ovide Decroly (1871-1932) : Reflet d’une « internationale » de la psychologie européenne dans la première moitié du XXème siècle ? », Recherches et Educations, n°9, octobre 2013, pp. 131-151, [en ligne], http://rechercheseducations.revues.org/1790 (consulté le)
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  20. Voir note 14.
  21. Archives Henri Piéron – Correspondance Henri Piéron –Agnès Decroly.
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  25. Winock, M. (1989). Les générations intellectuelles. Vingtième siècle. Vol.22, p.17-38 et citations suivantes
  26. Dilthey, W. (1947). Le monde de l’esprit. Tome 1, Histoire des sciences humaines. Paris : Aubier-Montaigne. p. 42.
  27. Attias-Donfus, Cl. (1998). Sociologie des générations, L’empreinte du temps. Paris : PUF.
  28. Eugène Blum a milité pour l’emploi de ce terme dans les années 1890, il exprime en particulier son point de vue dans l’article, Blum, E. (1898). La pédologie. L’Année psychologique, Vol. 5.
  29. Ibid.
  30. Wagnon, S. et Le Boucher-Clarinval, M., (2011). Ovide Decroly et Alfred Binet : deux itinéraires aux racines de la pédagogie expérimentale et des sciences de l’Education. Recherches & Educations. 5. p. 111-126.